S'il y a un orthodontiste dans la salle, qu'il se montre maintenant..
Ou se taise à jamais. L'Homme est parti se coucher, épuisé par un weekend physique dont le but premier était de forer un puits au fond du jardin de mes parents. Pour y parvenir, des renforts : mes beaux-parents. Un weekend familial inédit et.. Inoubliable. Passé, de fait, à une vitesse incroyable, qui a rendu le réveil matinal d'autant plus difficile. Impossible de s'extirper de ce lit dans lequel j'ai passé tant de nuits, de ces couettes dépareillées et trop petites que l'on s'arrache la nuit. Impossible de quitter cette petite chambre, la plus petite des trois et pourtant celle dont je suis tombée amoureuse il y a quelque temps. Celle que j'ai décorée il y a cinq petites années, avec mes idées foisonnantes et quelques euros pour les concrétiser. Certaines sont, à mon goût, à retenir. J'aurais pu me passer de certaines autres... Mais c'est ainsi que l'on apprend. Et aujourd'hui, j'aurais envie de recommencer cette chambre, d'en faire un véritable havre de paix, propice au repos, à la détente, aux retrouvailles chez soi. Je n'ai plus besoin de ce bureau, ni de cette commode, ni de cette penderie ouverte à laquelle ne se suspendent plus mes robes. Mais j'ai besoin de conserver ces livres et un grand lit moelleux. Deux étagères, une chaise, et un grand lit moelleux. Conserver aussi un petit pan de mur auquel j'accrocherais mes vieilles photos, avec les copines, toutes ces copines qui se sont évaporées. Toutes ces copines avec qui j'ai ri, grandi, pleuré, mûri, toutes ces copines qui m'ont offert espoir et déceptions car c'est ainsi qu'est faite la vie. Certaines sont parties sans que je ne comprenne pourquoi, et celles-là, j'aimerais qu'elles reviennent, juste une fois, juste pour une discussion. D'autres sont parties mais je les garde dans mon coeur, tout était si simple et je sais que rien n'aurait changé si.. Et d'autres suivent leur chemin, conservant peut-être mon nom dans leur mémoire, quelques fragments partagés, peut-être, j'espère.
J'ai essayé tant bien que mal d'expliquer pourquoi mon boulot m'a presque ôté l'espoir d'un avenir rose. J'y croise des gens véritablement blasés, convaincus que l'herbe n'est pas plus verte de l'autre côté de la clôture. Avec l'expérience qu'ils ont, et qui me fait nécessairement défaut, j'aurais tendance à les croire, pourtant une part de moi s'y refuse. Pas question de croire que tous les systèmes managériaux sont bancaux. Que toutes les machines créées par toutes les entreprises sont à moitié foireuses. Que le stress est omniprésent partout. Donc, je compte les mois, et quand le temps sera venu, j'espère pouvoir déployer mes ailes et hop. Voir ce qu'il y a de l'autre côté de cette haute clôture de fil de fer. J'ai donc essayé d'expliquer tout ça à table Dimanche midi, mais l'ambiance était telle que chacun de mes mots (et surtout mes mains qui me servent à parler) était le point de départ d'un fou-rire. Du coup impossible d'en placer une, j'étais trop occupée à pleurer de rire en me cachant dans les bras de l'Homme qui me disait des mots d'amour en se marrant.
Mais c'est quand même joli, très très joli, comme souvenir.
Le titre non plus n'était pas choisi au hasard, puisque Vendredi j'ai franchi le seuil d'un cabinet d'orthodontie. J'ai eu, étant petite, une orthodontiste de choix, une vieille folle rousse terrifiante-vilaine-vilaine-salooope! qui s'est mis en tête d'essayer plein de choses sur moi plutôt que de passer aux bagues. Bagues qui auraient peut-être réglé le schmilblick en deux temps trois mouvements, mais ça, l'histoire ne le dira jamais. Du coup aujourd'hui, je trimballe avec moi des complexes que je suis la seule à voir (mais si ce n'était pas le cas, ce serait moins amusant !), et maintenant que je gagne des sous, j'ai décidé d'agir et de rattraper mes erreurs. Qui sont partagées, mais dont je conserve tout de même la plus grande responsabilité. Alors une dame m'a mis ses doigts dans la bouche, et m'a tranchée en deux avec son verdict : "vous déglutissez encore comme une enfant, c'est con, c'est pour ça que vous ne pouvez pas avaler de cachet sans eau. Et les problèmes de digestion, ah ben tiens, ça n'aide pas non plus hein!" Habon. Moi quand je déglutis je pousse mes dents avec ma langue, alors que vous, elle se plaque contre votre palais. (Vous avez essayé ? :D). Donc je dois faire des exercices, je vous passe ça, parce que j'ai l'air un peu guignol quand je les fais ! Et puis aussi elle m'a dit que mes dents du bas qui dansent la java joueront carrément aux chaises musicales d'ici une vingtaine d'années. Donc j'ai décidé de prévenir aujourd'hui plutôt que guérir demain. J'entends déjà le "scrrrrrinch !" du bras de la machine à sous, celui qui fait "tching tchinggg!!" plutôt.. Soupir ! Je rêve tellement d'un sourire bright que la pilule passe plutôt bien pour l'instant.
Du coup là, je vais aller rejoindre l'Homme... Faire deux trois exercices de dégluti..déglitu.. déglutati... Des exercices de gloups quoi ! Et des bisous (mais pour vous aussi !)
Sympa ton sticker trompe l'oeil ! c'est du Gifi ? :)