Les chiens qui dorment...
Ne dorment jamais tout-à-fait.
Les plus geeks d’entre vous auront compris à quoi fait référence mon titre. Tout le monde connaît même Gran Theft Auto, cette saga vidéoludique à monde ouvert où l’on incarne des gangsters parfois désabusés, au volant de grosses cylindrées. Le cinquième épisode est prévu pour l’année 2013, pour l’instant Rockstar distille quelques informations que des milliers de gens analysent à un point presque ridicule... Il faut voir ces forums où les gens se targuent d’avoir aperçu l’ombre d’un homme qui n’est en fait qu’un rocher. En parlant d’hommes, le mien est un grand inconditionnel de la saga et ne manquera pas de se jeter dessus dès sa sortie... D’ailleurs, ces fameux forums, il les écume fébrilement à chaque nouvelle image du jeu. Mais, ne le lui répétez pas, il va se vexer !
En attendant ce fameux GTA 5, qui ne manquera pas de me faire baver aussi, j’ai eu la chance d’avoir quelque chose à me mettre sous la dent : un GTA-like, jeu à monde ouvert avec héros torturé, courses de voiture et gun-fights... Après moult rebondissements dans son développement, c’est finalement le studio Square Enix qui nous a pondu … une véritable petite perle venue de l’empire du milieu.
Sleeping Dogs, parce que c’est son nom, nous plonge sans cérémonie dans l’univers sombre des triades chinoises. Nous y incarnons, sans en avoir le choix, un héros ténébreux et terriblement attachant : Wei Shen. Son physique contribue à ce charisme qui émane de lui dès les premières secondes : les dragons courent sur ses tablettes de chocolat, sa musculature est sèche sans tomber dans du Vin Diesel (Ahh Vin!!), chose qui aurait pu gâcher son image, à mon avis. Bref, le héros est typiquement celui des films d’action chinois auxquels le jeu rend hommage, avec la petite touche occidentale qui va bien. Pour preuve, voici Brian Ho, le cascadeur qui joue dans le film de présentation, apercu dans Push, X-men, Sucker Punch, Twilight... Un peu partout en fait, ça doit être le mec qui saute partout en tendant le pied à droite et à gauche.
Mais, je reviens à mes moutons pour présenter le second héros du jeu : la ville de Hong-Kong elle-même. Les GTA-tistes me diront qu’elle est toute petite (d’ailleurs, mon GTA-tiste d’amûûr n’a pas manqué de me le faire remarquer). Après quelques minutes de jeu, il est déjà possible de leur répondre “oui, mais qu’est-ce qu’elle est riche !”. Qu’est-ce qu’il est plaisant de s’y promener à pied, de sauter tel le cabri par-dessus les rambardes, de voler les bateaux sur les petits ports de pêche, de mordre l’asphalte dans un bolide orange ! Les détails ne manquent pas, et le pied total, c’est de tomber sur des évènements ponctuels alors que vous vous promeniez tranquillement, en train d’aller acheter du thé. (Le thé renforce votre aptitude au combat, NDLR !). Souvent, ce sont des femmes dont la voiture est en panne, et qui vous implorent de jeter un coup d’oeil. Comme vous êtes un gentlemen avec un sens très, très aigu de la drague, vous vous exécutez... Et paf ! Un complice se tire avec votre argent. Vous le rattrapez et lui expliquez les gravures... Avant de reprendre votre route en écoutant l’une des nombreuses radios chinoises.
C’est même un point que je pourrais reprocher au jeu : les évènements tels que celui-ci sont particulièrement répétitifs. Un peu plus de variété n’aurait pas fait de mal. Côté exploration, des autels, coffres et statues sont disséminés dans les quatre quartiers qui composent la ville, à vous de les localiser pour débloquer d’intéressants bonus. Ne faites pas comme moi à vous acharner sur une statue bloquée de l’autre côté d’une vitre : l’histoire vous mènera tôt ou tard dans les lieux inaccessibles. Puisque je parle des points négatifs, j’ajoute celui de la difficulté du jeu : il n’y en a pas... Ou presque. Rapidement, je ne vous dis pas comment, vous pourrez voir apparaître sur votre mini-carte les emplacements exacts de tous les artefacts. Plus de surprise, plus d’exploration à l’aveuglette... Dommage. Et pis encore : vous êtes en rade de voiture ? Passez un coup de fil au voiturier, il dépose une de vos merveilles à vos pieds dans la minute. Il me semble que dans GTA, celui qui était à pieds trouvait toujours le moyen de se débrouiller... Un peu trop simple là encore.
Mais, étrangement, lorsque vous tombez sur un groupe de malfaiteurs - espèce qui foisonne dans les rues de Hong-Kong, rien ne vous assure à l’avance de votre victoire. Les dizaines d’attaques de Kung-Fu disponibles nécessitent un peu d’adaptation et, une fois acquises, elles vous transforment en une vraie machine à tuer. Et pourtant, cela n’assure en rien votre survie. Ils peuvent être cinq, six, dix autour de vous, guettant l’instant où vous baisserez la garde. Il vous faudra alors être rapide et parer leurs attaques ! Certains ont des couteaux, couperets, matraques, de gros avantages sur vous qu’il faudra annuler rapidement. Bref, chaque combat est unique et procure sa dose d’adrénaline. J’ai eu à recommencer certains affrontements une dizaine de fois... Gagnant en énervement et en frustration à chaque clic de souris raté. Un peu vénère moi ? On dirait bien... Les chiens ne font donc pas des chats.
Vous notez que je n’ai pas encore parlé de l’histoire ! Qui est Wei, que fait-il ? Eh bien, il se débat dans les griffes du troisième héros du jeu, à savoir son scénario. C’est un flic, un de ces flics cleans et droits dans leurs bottes qui ont malgré tout goûté à la violence, et qui l’utilisent comme arme pour faire régner la justice. Et c’est précisément pour ces particularités que Wei est choisi pour s’infiltrer dans l’une des plus grosses mafias chinoises : celle des Sun-On-Yee... Afin d’en gravir les échelons pour la détruire de l’intérieur. Les rebondissements, souvent inattendus, sont nombreux et confèrent à l’ensemble une véritable force. Et avec de la cohérence, s’il vous plaît. A l’instar d’un film cependant, nous ne choisissons pas notre destin, mais ce n’est pas non plus le cas chez les maîtres du genre. Vous naviguerez donc d’un petit chef de clan à l’autre, rendant d’abord menus services puis gros coups de main... Améliorant votre position sur l’échelle sociale, ce qui vous donnera accès à plus de vêtements et de voitures. (la classe ultime étant de se balader en costume sombre au volant d’un bolide italien... A mon humble avis!)
En bref, ceux qui ont vu “Les Infiltrés” de Scorsese, adaptation de la trilogie chinoise “Infernal Affairs”, comprendront aussitôt l’ambiance du jeu, et imagineront facilement ce héros déchiré entre deux clans voués à s’entretuer. Les autres, je les invite à le découvrir, car ce GTA-like n’a pas à pâlir devant la référence du genre, malgré quelques faiblesses vite oubliées.
50 € sur Steam (version PC évidemment !) - Sleeping Dogs.